Le cannabis est le mot utilisé pour désigner les fleurs, les graines et les feuilles séchées du chanvre indien. Dans la rue, on l’appelle : pétard, paka, bonbon… Quel que soit son nom, cette drogue est un hallucinogène, une substance qui altère la perception de l’environnement.
Qu’est-ce que le cannabis?
Le mot « cannabis » décrit la substance extraite du chanvre indien (plante également appelée « cannabis sativa »), y compris la marijuana et le haschich.
Le cannabis contient une soixantaine de cannabinoïdes, le principal étant le delta-9-tetrahydrocannabinol (THC). Ce dernier est le composé psycho actif le plus puissant et le principal ingrédient responsable des effets du cannabis. Or, celui-ci possède des propriétés sédatives et hypnotiques. La quantité de THC présente dans un joint est assez variable, mais en moyenne le taux de THC a fortement augmenté ces dernières années.
Le cannabis est le produit illicite le plus consommé dans notre société. Bien que ses propriétés pharmacologiques soient bien documentées, son statut légal fait l’objet de nombreuses discussions.
Réduit-il les capacités intellectuelles?
Après avoir suivi un millier d’individus pendant vingt ans, des chercheurs néo-zélandais et anglo-saxons concluent qu’une consommation régulière et prolongée de cannabis, commencée à l’adolescence, peut entraîner une altération des performances intellectuelles. Avec une baisse du quotient intellectuel (QI) à l’âge adulte allant jusqu’à 8 points. Ce niveau est loin d’être anodin, insistent les auteurs de l’article. « Les personnes qui perdent 8 points de QI à l’adolescence ou dans la vingtaine peuvent être désavantagées par rapport aux autres jeunes du même âge, dans la plupart des aspects importants de la vie et pour les années à venir », écrivent-ils. Et de rappeler que le QI est corrélé à de nombreux paramètres : accès à des études supérieures et à un bon emploi, performances au travail, niveau de revenus, mais aussi tendance à développer des maladies cardiaques ou un alzheimer, risque de décès prématuré…
Sur le fond, les conclusions de l’étude néo-zélandaise ne sont pas vraiment surprenantes. Des atteintes cognitives – troubles de mémoire, de l’attention et de la concentration, manque de motivation – ont été décrites depuis longtemps chez les consommateurs de cannabis au long cours. Mais Madeline Meier et ses collègues enfoncent le clou sur la vulnérabilité du cerveau adolescent à cette drogue. Et la démonstration est d’autant plus crédible qu’elle s’appuie sur une méthodologie béton, et inédite. Jusque-là, les données provenaient surtout d’enquêtes rétrospectives comparant les performances intellectuelles de fumeurs de cannabis à celles de sujets témoins, non-consommateurs. Ici, les participants ont été enrôlés avant qu’ils ne goûtent au haschich, et ont été suivis régulièrement pendant deux décennies. Tous appartiennent à la cohorte dite de Dunedin (du nom de la ville néo-zélandaise où ils résident), qui étudie de façon prospective plusieurs aspects de la santé et du comportement de 1 037 individus.
Autre point important, l’arrêt ou la réduction de la consommation de la drogue n’a pas restauré complètement les capacités intellectuelles soulignent Madeline Meier et ses collègues.
« Certains pensaient que les troubles de la mémoire et de l’attention disparaissaient à l’arrêt de la prise de cannabis. Cette étude montre que les perturbations sont peut-être irréversibles, et suffisamment importantes pour être gênantes dans la vie quotidienne« , commente Philippe Arvers, médecin épidémiologiste et addictologue.
Rend-il dépendant ?
Même si les effets nocifs du cannabis sur la santé sont, à certains égards, moins importants que ceux d’autres substances psychoactives, l’appareil respiratoire est exposé aux risques associés au fait de fumer du tabac (nicotine et goudrons toxiques), car le joint est souvent composé d’un mélange de tabac et de cannabis. À poids égal, le cannabis fumé fournit 50 % plus de goudron qu’une marque populaire de tabac fort. En outre, la concentration de certains agents cancérigènes retrouvés dans le goudron de la marijuana est plus élevée que celle d’un même poids de goudron de tabac. Enfin, une cigarette de cannabis est habituellement inhalée plus profondément et retenue plus longtemps dans les poumons qu’une cigarette ordinaire. Ainsi, une cigarette de cannabis peut théoriquement causer autant de problèmes pulmonaires que 4 à 10 cigarettes ordinaires.
On peut devenir dépendant du cannabis. Cependant, tous les individus ne sont pas égaux devant le risque de dépendance. Celui-ci est fonction de plusieurs facteurs : habitudes de consommation, personnalité et antécédents de l’usager, influence de l’environnement, etc. Ainsi, certaines personnes auront plus de mal que d’autres à diminuer ou arrêter leur consommation, et sont donc plus vulnérables à la dépendance.
Il s’agit généralement d’une dépendance psychologique et non physique (contrairement à l’alcool par exemple qui entraine une dépendance physique et psychologique).
Une dépendance physique signifie que le corps s’est habitué au produit et qu’en situation de non-consommation un syndrome de manque apparait. Cela se joue dans le cerveau, plus précisément au niveau des neurones.
La dépendance psychologique se rapporte au besoin irrépressible que l’on ressent lorsque l’on ne consomme pas le produit en question. Cela crée un état de mal-être et de tension psychique et physique désagréable voire douloureux. Les pensées se focalisent sur une seule idée : se procurer le produit.
La recherche de sensations fortes, de prise de risques et le désir d’éviter l’ennui sont les raisons qui mènent une personne à la consommation de cannabis. A cela vient s’ajouter une mauvaise estime de soi liée à une angoisse dans la relation à l’autre, et sur laquelle le cannabis a un effet apaisant. On ne devient pas « accro » par hasard.
C’est le malaise ressenti lorsque l’on ne consomme pas qui indique qu’il y a dépendance.
Concernant le cannabis ce malaise s’exprime par une tension nerveuse importante et une irritabilité accrue ainsi que des difficultés à trouver le sommeil. La prise de cannabis vient alors apaiser cette tension qu’on a parfois du mal à relier au manque de cannabis. On peut avoir l’impression d’être tendu à cause d’une longue journée, de quelqu’un qui nous a irrité… le cannabis arrive alors comme la solution apaisante, mais en réalité à ce moment-là il n’est que la solution aux ressentis désagréables liés au manque.
Cette confusion peut expliquer pourquoi certains ne se reconnaissent pas comme dépendants ou bien simplement rechignent à penser que le cannabis provoquerait réellement une dépendance.
Provoque-t-il la schizophrénie ?
La polémique a éclaté en 1985, avec une étude suédoise indiquant un lien de causalité direct entre cannabis et schizophrénie. Depuis, certains travaux sont venus confirmer ces résultats, mais « en partie seulement », tempère le Dr Amine Benyamina, psychiatre-addictologue à l’hôpital Paul-Brousse, à Villejuif.
Il ne s’agit pas des études mentionnant un risque accru de schizophrénie chez les consommateurs de cannabis. Mais avec un recul plus important, ce risque se révèle plus élevé qu’on avait pu le croire.
De plus, sachant que le cannabis est plus toxique que le tabac, de par l’inhalation plus intense du fumeur de joint et de la plus forte concentration de substances toxiques, cette drogue soit disant « douce » est beaucoup moins inoffensive qu’il n’y parait.
On ne peut toujours pas affirmer que le cannabis provoque la schizophrénie. En revanche, il précipite les sujets fragiles vers cette maladie mentale. Pour cette nouvelle analyse, plus d’une trentaine d’études ont été passées en revue. Le risque de développer des troubles schizophréniques augmente de 40% chez les jeunes fumeurs de joints, par rapport à ceux qui n’en ont jamais fumé. Mais ce risque s’élève proportionnellement avec l’intensité de la consommation. Ainsi, les fumeurs réguliers (plus de 100 joints par an, soit environ plus de 2 par semaine) augmentent de 50 à 200% leur risque de souffrir de troubles mentaux avec l’apparition de symptômes particuliers pendant une demi-heure à une heure : paranoïa, troubles de la pensée, problèmes de mémoire et d’attention, dialogue limité avec les interlocuteurs, etc.
Le cannabis est également associé à des troubles de la mémoire, de l’attention, de la motivation à l’origine d’échecs scolaires et d’isolement. Et enfin, le tétrahydrocannabinol (THC) est un principe actif qui peut générer des angoisses intenses.
Une conclusion peu étonnante au regard du nombre de fumeurs qui, psychologiquement plus fragiles, à tendance dépressive ou présentant, à leur insu, une schizophrénie encore sous-jacente, ont développé la pathologie suite aux prises répétées de cannabis…
A-t-il un effet plus nocif à l’adolescence ?
C’est « plus que probable », estime le Dr Marc Valleur, médecin chef du centre médical Marmottan, à Paris. Deux points semblent acquis : d’une part, une polyconsommation (alcool, tabac, ecstasy…) constitue un marqueur fort d’un individu qui « va mal et dont la vie a été perturbée au préalable ». D’autre part, un usage précoce provoque des conséquences spécifiques : le cerveau d’un adolescent n’étant pas encore parvenu à maturation, il est particulièrement sensible aux stimuli externes, notamment dans les zones qui contrôlent les centres de motivation, de récompense et de plaisir. En d’autres termes, « plus c’est tôt, plus c’est nocif, et cela est vrai pour tous les produits, légaux ou non », rappelle le Pr Michel Reynaud.
A partir de quand faut-il s’inquiéter ?
Il n’existe pas de réponse univoque, car « plusieurs éléments doivent être pris en compte », note Bertrand Lebeau, addictologue à l’hôpital de Montfermeil, près de Paris : l’âge (« chez les 12-13 ans, le joint a parfois remplacé la cigarette »), l’heure du premier pétard (« dès le matin ou le soir seulement ») et, enfin, les circonstances de consommation – « la conduite d’un véhicule sous cannabis ou, pis encore, après un mélange cannabis-alcool est potentiellement dangereuse ». En outre, ne pas prendre en compte le taux de THC d’un pétard revient à dire que « boire un coup de cidre ou un verre de vodka, c’est la même chose! » En définitive, mieux vaut donc s’intéresser aux conséquences, surtout quand elles se traduisent par des difficultés dans le travail, la vie quotidienne, sociale ou familiale. A cet égard, un fléchissement subit et inexpliqué des résultats scolaires constitue un réel signe d’alerte pour les parents. A fortiori s’il s’accompagne de mauvaises fréquentations dans l’entourage de l’adolescent.
Mène-t-il à la consommation d’héroïne ou de cocaïne ?
Il n’existe aucune preuve expérimentale d’un lien de causalité directe entre consommation de cannabis et expérimentation de drogues plus « dures ». « Quitte à chercher une corrélation, elle serait plutôt entre l’alcool et l’héroïne », souligne d’ailleurs Marc Valleur. En revanche, le spécialiste pointe deux dangers liés à l’usage de cannabis. Le premier s’apparente au phénomène de la « porte ouverte » : l’état de conscience étant modifié par la prise de THC, la personne risque d’être moins résistante à des sollicitations éventuelles – « surtout à un moment de vulnérabilité particulier », souligne Marc Valleur. L’autre motif d’inquiétude tient à la dimension sociale de l’ »escalade ». Parmi les consommateurs devenus réguliers, beaucoup sont susceptibles d’entrer en contact avec des dealers qui ont tout intérêt à leur faire goûter des produits bien plus rentables pour leur business.
En conclusion
Le cannabis, s’il procure à court terme un plaisir ou un soulagement, est dangereux à court, moyen et long terme pour la santé physique et psychique et généralement perturbateurs de la vie sociale.
Pour quelques instants de plaisir, il peut conduire à la dépendance et à des années d’enfer.
Un de vos proches consomme du cannabis, vous êtes inquiet et vous vous posez des questions ? Quelle attitude adopter ? Comment faire face ? Existe-t-il des solutions pour les aider ?
N’hésitez pas à demander de l’aide auprès des spécialistes : des psychologues, médecins addictologues et éducateurs. Le C.C.S.A.T propose des consultations gratuites au 40 46 00 67.
Toutes les informations sont sur la page Facebook Drogues et Addictions-Polynésie.
Source : Le Vif